Accueil Economie Rapport de la BM sur le climat et le développement (CCDR) pour la Tunisie : Un appel à l’action pour un modèle économique résilient face au climat

Rapport de la BM sur le climat et le développement (CCDR) pour la Tunisie : Un appel à l’action pour un modèle économique résilient face au climat

 

Le dernier rapport de la Banque mondiale sur le climat et le développement en Tunisie (CCDR) éclaire la nécessité pressante d’une transformation profonde et audacieuse. Face à une conjoncture économique complexe et à une vulnérabilité accrue aux aléas climatiques, la Tunisie est appelée à réconcilier son modèle économique avec les fondements d’un développement durable et résilient.

La Tunisie est à un carrefour crucial de son développement économique et de sa résilience face au changement climatique, selon les conclusions du dernier rapport de la Banque mondiale sur le Climat et le Développement en Tunisie (CCDR).

Une opportunité unique se présente pour réconcilier un modèle économique novateur avec les impératifs du développement durable, tout en répondant aux défis immédiats de la reprise économique, de la préservation des emplois et des moyens de subsistance.

Retour sur les chocs économiques et climatiques

Le contexte économique délicat, résultat de réformes politiques post-2011 sans réformes économiques équivalentes, a été aggravé par une série de chocs, de la crise en Libye aux récentes secousses provoquées par la pandémie du Covid-19 et l’impact des événements mondiaux, tels que l’invasion russe de l’Ukraine. Ces facteurs ont exacerbé la fragilité économique, ralentissant considérablement la croissance économique et entravant les progrès dans la réduction de la pauvreté.

Le chômage en hausse, l’inflation croissante et l’instabilité politique ont culminé en juillet 2021 avec des changements majeurs, marqués par l’adoption d’une nouvelle constitution et l’introduction d’un système présidentiel. Dans cette période d’économie stagnante, la Tunisie a intensifié son recours aux dépenses publiques récurrentes pour répondre aux besoins des citoyens, négligeant ainsi les causes profondes des problèmes économiques.

Cette approche a entraîné des déficits budgétaires et courants croissants, ainsi qu’une accumulation de dettes de plus en plus difficile à gérer.

Les défis économiques se conjuguent avec une vulnérabilité accrue au changement climatique.

La Tunisie, située dans une région méditerranéenne fortement exposée, fait face à des risques, tels que l’augmentation des températures, des précipitations réduites, la montée du niveau de la mer, des incendies de forêt et des conditions météorologiques extrêmes.

Des épisodes, tels que la récente sécheresse, ont déjà entraîné une baisse significative de la production agricole.

Réinventer l’économie tunisienne

Dans ce contexte, le rapport du CCDR plaide en faveur d’une refonte complète du modèle économique de la Tunisie. S’appuyant sur des analyses approfondies, le rapport propose un nouveau paradigme économique, mettant l’accent sur le secteur privé pour la création d’emplois, tandis que l’Etat se recentrerait sur la régulation et le financement des dépenses à rendement social et économique élevé. Des changements majeurs, comme l’utilisation de la tarification pour rationaliser la consommation des ressources, sont recommandés, de même que la création de conditions propices aux investissements privés dans l’adaptation au climat et la décarbonation. La transition des dépenses publiques récurrentes vers des investissements publics dans ces domaines est également préconisée.

Face à ce double défi économique et climatique, la Tunisie est appelée à embrasser une transformation audacieuse. En adoptant ce nouveau modèle, le pays peut non seulement surmonter ses défis actuels, mais aussi assurer un avenir plus résilient et durable pour ses citoyens. L’heure est donc à l’action, et la Tunisie a la chance de prendre la tête d’une nouvelle ère de progrès économique et environnemental. La Tunisie se trouve aussi confrontée à des contraintes budgétaires importantes, des lacunes marquées en matière de développement et des chocs climatiques impressionnants. Dans ce contexte, le rapport vise à évaluer les coûts de l’inaction tout en soulignant les avantages considérables qui pourraient découler de la prise en compte des impacts climatiques et de la décarbonation de l’économie dans les politiques publiques et les activités économiques. L’identification de ces avantages vise à atténuer les défis climatiques, réduisant ainsi les coûts économiques et facilitant l’atteinte des objectifs de développement de la Tunisie.

Investissements à impact multiple et solutions innovantes

Les recommandations émises dans le rapport offrent la possibilité au pays de diriger ses dépenses publiques vers des investissements à rendement élevé sur les plans économique et social. De plus, elles encouragent la participation du secteur privé à travers des investissements supplémentaires, créant ainsi des emplois et élargissant la marge budgétaire. Par exemple, une transformation profonde du secteur de l’énergie pourrait non seulement générer des avantages significatifs en termes de création d’emplois liés à la chaîne de valeur de l’énergie propre, mais également stimuler l’innovation, l’entrepreneuriat et ouvrir de nouvelles opportunités d’exportation. Atteindre les objectifs énoncés dans le rapport favoriserait une utilisation plus durable des ressources en eau, en terre et en énergie, tout en réduisant les gaspillages et en exploitant le vaste potentiel en énergies renouvelables de la Tunisie.

Face aux contraintes macro-financières actuelles du pays, le CCDR propose à cet égard un ensemble d’actions urgentes, conçu autour de deux objectifs clés et immédiats : faire face à la pénurie d’eau et opérer une transition du secteur de l’énergie des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables. Un troisième objectif, tout aussi crucial, consiste à créer les conditions macrofinancières nécessaires pour obtenir le financement indispensable, étant donné que la Tunisie ne peut actuellement augmenter sa dette. Le document résume donc les actions prioritaires pour le développement durable, en gérant de manière rationnelle les risques physiques, de transition et financiers liés au changement climatique. En ce qui concerne les recommandations, elles incluent : remédier à la pénurie d’eau (en augmentant l’approvisionnement, en améliorant la gestion de l’eau, en accroissant la résilience et l’efficacité du secteur agricole, et en tirant profit des solutions naturelles), renforcer la résilience des zones urbaines et côtières (en défendant les zones côtières contre l’élévation du niveau de la mer et les inondations, en protégeant les personnes et les infrastructures, et en améliorant la protection sociale et les thèmes d’assurance basés sur les risques), décarboner le secteur de l’énergie (en agissant sur la demande dans les secteurs d’utilisation et en décarbonant le secteur de l’électricité), renforcer le capital macroéconomique, financier et humain (en développant le capital humain, en améliorant les institutions et l’engagement en faveur de la cause climatique, et en créant les conditions macrofinancières adéquates pour les investissements publics et privés).

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